À la suite d’une rupture amoureuse, l’infirmière Frédérique se laisse aller.  Sa dérive existentielle la conduit à tirer à la carabine sur un écolier dans les bois, où elle avait prévu de mettre fin à ses jours. De retour à l’hôpital de La Chaux-de-Fonds, elle est chargée de prendre soin du garçon qu’elle a grièvement blessé, Marco, dont le tempérament colérique, accentué par la séparation de ses parents, trouve écho dans la nature indomptée de Frédérique.

Ancré dans les paysages urbains et montagneux du Jura neuchâtelois, «Pas douce» raconte le rapprochement de deux êtres abîmés par la vie. La blessure physique qu’inflige l’infirmière à Marco a valeur de métaphore : les deux personnages partagent le même sentiment d’abandon, plaie à vif qui les ronge de l’intérieur. Le temps qu’elle consacre à soigner l’enfant permettra à ces deux personnalités sauvages de s’apprivoiser mutuellement. L’interprétation de Frédérique par Isild Le Besco frappe par son intensité physique : l’actrice française incarne de manière charnelle son personnage de rebelle sans cause, dont la quête de limites la pousse vers les extrêmes – que ce soit en se jetant à vélo dans le Doubs ou en se livrant à des expériences sexuelles brutales.

La cinéaste Jeanne Waltz met en scène les espaces intérieurs et extérieurs de manière nuancée, à la fois barrières auxquelles se heurte la quête de liberté de Frédérique et assises conférant une forme d’équilibre à sa vie intérieure tourmentée. Ce cinéma à fleur de peau n’est pas doux, mais on en savoure les frictions.