Tereza Fischer sur «The Sound of Insects»

Le film se présente comme un documentaire mais est entièrement mis en scène et tiré d’un texte de fiction de Shimada Masahiko, qui s’est lui-même inspiré de faits bien réels. Autant les sources de «The Sound of Insects» sont complexes, autant l’histoire racontée est d’une grande simplicité: un homme d’une quarantaine d’années décide de se laisser mourir de faim dans un coin perdu de la forêt et raconte ses derniers jours et ses dernières semaines dans un journal intime.

Rarement un film semi-fictif aura généré un tel suspense inquiétant, alors même que l’on s’attend à un événement dont on sait qu’il va arriver. Comme nous ne voyons jamais son visage, le protagoniste nous apparaît pour ainsi dire comme une présence absente, qui devient finalement, réduite à l’état de momie que l’on découvre longtemps après sa mort, comme une absence présente. Les indications écrites consignant la mort lente, Peter Liechti les a transcrites en images et sons hypnotiques, qui oscillent entre nature et art, entre retenir et lâcher prise, entre ici et là, entre aujourd’hui et hier. Dans son approche radicale de la mort, «The Sound of Insects » est un fascinant manifeste en faveur de la vie.