Michel Bodmer sur «Reise der Hoffnung»

Şeyhit Enhas, un enfant kurde de 7 ans, meurt au col du Splügen enneigé alors qu’il tente avec ses parents de franchir clandestinement la frontière pour entrer en Suisse. Cette information, parue dans la presse le 15 octobre 1988, a secoué l’opinion publique. «S’inspirant» directement de ce drame, Xavier Koller a réalisé peu de temps après «Reise der Hoffnung» avec l’aide de professionnels turcs. Haydar, sa femme Meryem et le petit Mehmet Ali quittent l’Anatolie et entament un voyage en bus et en cargo jusqu’à Naples. Là, un sympathique camionneur schaffhousois les prend en charge mais échoue à les faire entrer clandestinement en Suisse. À Milan, ils tombent aux mains de passeurs cupides et brutaux qui les abandonnent sans guide dans les montagnes alors qu’une tempête de neige menace.

La précision documentaire, couplée à la froideur de la musique et à la symbolique forte des images, fait de ce film une parabole sur le paradis suisse et ses limites. Le problème kurde n’y est pas abordé explicitement. Malgré cela ou grâce à cela, le film, récompensé d’un Oscar, est d’une actualité intemporelle.