«Polenta»

Trois personnes, deux cabanes. Dans «Polenta», la réalisatrice Maya Simon met en scène une pièce intime dans le décor d’une vaste plaine enneigée. Jules, Hector et une fillette sans nom vont et viennent entre les deux maisons, essaient d’arracher une existence à leur isolement. Ils se répètent que le dîner, pris ensemble, leur a plu; que la jambe cassée fait moins mal; que le printemps ne va pas tarder.

En même temps, la menace s’installe. Les rapports sont brusques; la méfiance et la violence (imaginée), omniprésentes. Jules, le narrateur (incarné par Bruno Ganz), est tourmenté par des souvenirs angoissés et des visions troublantes. Les images d’univers différents se superposent et se fondent en une seule réalité: la petite sœur défunte gambade dans la neige avec insouciance. Des personnes masquées marchent à travers champs. La fillette, apparue de nulle part, rejoint Jules et Hector à table.

La voix off se perd dans les dédales de son récit et n’apporte guère de lumière sur ce monde bancal. Le film, avec son atmosphère dense, donne la parole aux images: elles créent un théâtre absurde, doté d’une force visuelle intense.