Christoph Schelb sur «Strähl»

Dans le polar de Manuel Flurin, figurent des toxicos, un piranha, un flic anti-drogues accro aux médicaments et agissant hors la loi, des gros mots typiques du dialecte alémanique, des paris sur les matches de foot et beaucoup de poudre blanche. Comme si ce n’était pas déjà assez d’excitation, le réalisateur et ses scénaristes David Keller et Michael Sauter jettent en plus littéralement une grenade au milieu de tout ce bazar. Le résultat est une chevauchée sauvage sans trêve ni repos, imprévisible, qui donne à voir la Langstrasse de Zurich comme si c’était l’enfer où même les membres des forces de police les plus endurcis en arrivent un jour à troquer le rôle de gardien de l’ordre pour la défroque de malfaiteur.

En matière de rythme narratif, le film de Manuel Flurin fait partie des films suisses les plus casse-gueule de tous les temps. Comme l’équipe disposait seulement d’un petit budget pour tourner le film du côté de la Langstrasse, elle a été obligée d’improviser et s’est donc parfois heurtée à des passants difficilement contrôlables. Il a valu la peine de supporter ces désagréments. Aujourd’hui en effet, « Strähl » est vénéré comme un film culte, en particulier à cause de sa crudité et de son authenticité.