« Palaver, Palaver »

Les documentaires marquants d’Alexander J. Seiler, «Siamo Italiani» ou «Früchte der Arbeit», témoignent de son goût pour les sujets sociopolitiques. L’homme aimait la politique et le cinéma, mais aussi le théâtre, la littérature, la musique. «Palaver, Palaver. Eine Schweizer Herbstkronik» est certainement la seule de ses œuvres où toutes ces passions cohabitent. Dans une habile mise en abîme, on suit en parallèle la campagne pour une Suisse sans armée de 1989 (et l’inquiétude toujours plus flagrante des partisan·es de l’armée et des partis de droite) et la chronique de la mise en scène, par Benno Besson, de la pièce de Max Frisch (grand ami de Seiler), «Jonas und sein Veteran».

La musique entêtante de Michel Seigner donne à l’ensemble un air de film de suspense. Un suspense tout relatif, en témoignent les images récurrentes des immuables montagnes enneigées et la lourdeur des brumes automnales, rappelant que la politique de ce pays connaît des frémissements, de lentes réformes, mais que la révolution n’est pas pour demain... Lassé par la tiédeur helvétique, Seiler avait d’ailleurs choisi, dans les dernières années de sa vie, de continuer à protester. Par le silence.