Nicola Mazzi sur «Der Freund»

Cela n’arrive pas souvent mais quand ça arrive c’est un événement tout à fait particulier. Il en est allé ainsi pour moi avec « Der Freund » : quand j’ai revu le film, j’ai été submergé par la même belle émotion qu’à la première vision des années auparavant. Parce que j’ai compris les faiblesses d’Emil (qui étaient peut-être aussi les miennes) et parce que j’ai pu comprendre les réactions des parents de Nora et Larissa. La perte d’une fille est un choc qui change la vie pour toujours. Et il n’est pas simple de décrire ce changement et de porter à l’écran cet événement tragique. 

Micha Lewinsky le fait avec une grande sensibilité aussi bien dans le maniement de la caméra que sur le plan du scénario. Il choisit la musique (on et off) avec discernement et agit dans les coulisses comme un réalisateur invisible, sans jamais apparaître. Les paroles sont peu nombreuses, le ton juste et le regard approprié suffisent à produire l’effet voulu des scènes et à instaurer le dynamisme entre les personnages. 

« Der Freund » est un film sur la famille et sur ce qu’elle signifie encore aujourd’hui. Un film aussi sur la possibilité de commencer une nouvelle vie, sur le jeu des rôles (Pirandello n’est pas loin) et sur le fragile équilibre entre la vérité et le mensonge – un des thèmes fondamentaux du cinéma depuis des décennies.